lundi 24 août 2009

"Approches de quoi?" Georges Perec

Ce qui nous parle, me semble-t-il, c'est toujours l'événement, l'insolite, l'extra-ordinaire : cinq colonnes à la une, grosses manchettes. Les trains ne se mettent à exister que lorsqu'ils déraillent, et plus il y a de voyageurs morts, plus les trains existent; les avions n'accèdent à l'existence que lorsqu'ils sont détournés; les voitures ont pour unique destin de percuter les platanes: cinquante-deux week-ends par an, cinquante-deux bilans: tant de morts et tant mieux pour l'information si les chiffres ne cessent d'augmenter ! Il faut qu'il y ait derrière l'événement un scandale, une fissure, un danger, comme si la vie ne devait se révéler qu'à travers le spectaculaire, comme si le parlant, le significatif était toujours anormal: cataclysmes naturels ou bouleversements historiques, conflits sociaux, scandales politiques...

Dans notre précipitation à mesurer l'historique, le significatif, le révélateur, ne laissons pas de côté l'essentiel: le véritablement intolérable, le vraiment inadmissible: le scandale, ce n'est pas le grisou, c'est le travail dans les mines. Les " malaises sociaux " ne sont pas " préoccupants " en période de grève, ils sont intolérables vingt-quatre heures sur vingt-quatre, trois cent soixante-cinq jours par an.

Les raz-de-marée, les éruptions volcaniques, les tours qui s'écroulent, les incendies de forêts, les tunnels qui s'effondrent, Publicis qui brûle et Aranda qui parle! Horrible ! Terrible ! Monstrueux ! Scandaleux ! Mais où est le scandale ? Le vrai scandale ? Le journal nous a-t-il dit autre chose que: soyez rassurés, vous voyez bien que la vie existe, avec ses hauts et ses bas, vous voyez bien qu'il se passe des choses.

Les journaux parlent de tout, sauf du journalier. Les journaux m'ennuient, ils ne m'apprennent rien; ce qu'ils racontent ne me concerne pas, ne m'interroge pas et ne répond pas davantage aux questions que je pose ou que je voudrais poser.

Ce qui se passe vraiment, ce que nous vivons, le reste, tout le reste, où est il ? Ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour, le banal, le quotidien, I'évident, le commun, l'ordinaire, l'infra-ordinaire, le bruit de fond, I'habituel, comment en rendre compte, comment l'interroger, comment le décrire ?

Interroger l'habituel. Mais justement, nous y sommes habitués. Nous ne l'interrogeons pas, il ne nous interroge pas, il semble ne pas faire problème, nous le vivons sans y penser, comme s'il ne véhiculait ni question ni réponse, comme s'il n'était porteur d'aucune information. Ce n'est même plus du conditionnement, c'est de l'anesthésie. Nous dormons notre vie d'un sommeil sans rêves. Mais où est-elle, notre vie ? Où est notre corps ? Où est notre espace ?

Comment parler de ces " choses communes ", comment les traquer plutôt, comment les débusquer, ies arracher à la gangue dans laquelle elles restent engluées, comment leur donner un sens, une langue : qu'elles parlent enfin de ce qui est, de ce que nous sommes.

Peut-être s'agit-il de fonder enfin notre propre anthropologie: celle qui parlera de nous, qui ira chercher en nous ce que nous avons si longtemps pillé chez les autres. Non plus l'exotique, mais l'endotique.

Interroger ce qui semble tellement aller de soi que nous en avons oublié l'origine. Retrouver quelque chose de l'étonnement que pouvaient éprouver Jules Verne ou ses lecteurs en face d'un appareil capable de reproduire et de transporter les sons. Car il a existé, cet étonnement, et des milliers d'autres, et ce sont eux qui nous ont modelés.

Ce qu'il s'agit d'interroger, c'est la brique, le béton, le verre, nos manières de table, nos ustensiles, nos outils, nos emplois du temps, nos rythmes. Interroger ce qui semble avoir cessé à jamais de nous étonner. Nous vivons, certes, nous respirons, certes; nous marchons, nous ouvrons des portes, nous descendons des escaliers, nous nous asseyons à une table pour manger, nous nous couchons dans un lit pour dormir. Comment ? Où ? Quand ? Pourquoi ?

Décrivez votre rue. Décrivez-en une autre. Comparez.

Faites l'inventaire de vos poches, de votre sac. Interrogez-vous sur la provenance, l'usage et le devenir de chacun des objets que vous en retirez.

Questionnez vos petites cuillers.

Qu'y a-t-il sous votre papier peint ?

Combien de gestes faut-il pour composer un numéro de téléphone ? Pourquoi ?

Pourquoi ne trouve-t-on pas de cigarettes dans les épiceries ? Pourquoi pas ?

Il m'importe peu que ces questions soient, ici, fragmentaires, à peine indicatives d'une méthode, tout au plus d'un projet. Il m'importe beaucoup qu'elles semblent triviales et futiles: c'est précisément ce qui les rend tout aussi, sinon plus, essentielles que tant d'autres au travers desquelles nous avons vainement tenté de capter notre vérité.

mardi 18 août 2009

moyen de transport ou colonisation?

"Une première tranchée a sonné les trois coups d'un sacré réveil en fanfare. Le tramway, comme partout à Bordeaux, est arrivé ici annonciateur d'un bouleversement autrement plus important. On promet des "ilôts", un centre d'affaires, une "tour-signal", des résidences, des bureaux, des esplanades pour accéder aux quais par tout moyen...". In Article special Bordeaux, Magazine Geo, Juin 09.

jeudi 6 août 2009

Chansons

En pensant à Go West! je pense évidemment à écrire des chansons. Petite liste des chansons que j'ai alors dans la tête:
- Emmenez-moi, Charles Aznavour
- Go West, Village People (merci Emilie!)
- L'Amérique, Joe Dassin
à suivre...

transport - définition

transport (trans-por)n.m. (de transporter). Action de transporter d'un lieu dans un autre: le transport des voyageurs, des marchandises. Virement d'un compte à un autre; contre-passement d'une écriture. Acte par lequel on fait la cession de choses incorporelles: faire le transport d'une rente. Action d'une personne qui, par autorité de justice, se transporte sur les lieux où sont les choses sujettes à un examen. Navire propre à transporter des troupes ou des munitions. Fig. Sentiment vif, violent: transport de joie. Enthousiasme: transport poétique. Méd. Délire, congestion: transport au cerveau. Jeux. Action de jouer, au trictrac, toutes les dames abattues des piles et d'en faire des cases et des demi-cases. Larousse Universel, Nouveau dictionnaire Encyclopédique, 1922. Extrait de la revue Antigone, revue littéraire de photographie N°17.

mercredi 5 août 2009

Recherches pour Go West!



Le Collectif Gui-Mauve lance un appel à projet. Dans le quartier Belcier à Bordeaux le tramway débarque! Voici quelques pistes en réponse à la proposition.
Je pense au western comme genre cinématographique
Je me dis que la naissance d’un genre – comme le western par exemple – naît toujours de la formulation d’une utopie -
la quête d’une cité idéale - un territoire nouveau à conquérir
Je me demande alors qu’est devenu notre ouest ?
Quel est donc notre genre ?
A la conquête de quoi sommes-nous prêts à partir ?
A la conquête de quoi partons-nous ?
Jusqu’à quel point sommes-nous prêts à reconquérir nos territoires ?
Nos territoires urbains
Nos territoires intimes
Nos territoires imaginaires
A quel point sommes-nous prêts à être transportés ?
A l’échelle d’un quartier
A l’échelle de sa population
Je pense alors à l’invention sociale
Je pense alors à la fiction
Je me demande
Quel genre d’utopie créons-nous ensemble ?
Le temps d’un trajet
Le temps du point A au point B
Le temps de la vitesse d’un tramway qui traverse un quartier d’une ville à l’ouest de la France
Je pense alors au tramway
Un transport
Un moyen de transport
Une épreuve de la vitesse
Une épreuve du déplacement de soi dans la ville
Un moyen de transport
Une course
Une grande vitesse
Un paysage qui défile
Un cheval au galop
Un homme derrière un homme derrière un homme derrière un homme
Une fusée
Une soucoupe volante
Un navire à la conquête d’un trésor caché
Le transport ce serait
L’évasion
Le road movie
La chevauchée vers l’ouest

mardi 4 août 2009

GO WEST! Nouvelle dérive!

Cette fois on part pour Bordeaux.Dérive à l'ouest. Et on va écrire un scénario-fiction dans le quartier St Jean autour de..........LA CONQUETE DE L'OUEST!
A suivre!