mercredi 14 avril 2010

regard - ville

Symptômes de ruines. Bâtiments immenses. Plusieurs, l’un sur l’autre. Des appartements, des chambres, des temples, des galeries, des escaliers, des coecums, des belvédères, des lanternes, des fontaines, des statues. – fissures, Lézardes. Humidité promenant d’un réservoir situé près du ciel. – Comment avertir les gens, les nations ? – avertissons à l’oreille les plus intelligents.
Tout en haut une colonne craque et ses deux extrémités se déplacent. Rien n’a encore croulé. Je ne peux plus retrouver l’issue. Je descends, puis je remonte. Une tour-labyrinthe. Je n’ai jamais pu sortir. J’habite pour toujours un bâtiment qui va crouler, un bâtiment travaillé par une maladie secrète. – Je calcule, en moi-même, pour m’amuser, si une si prodigieuse masse de pierres, des martres, de statues, de murs, qui vont se choquer réciproquement seront très souillés par cette multitude de cervelles, de chairs humaines et d’ossements concassés.
Charles Baudelaire, Petits Poèmes en prose, Michel Levy, 1869

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