lundi 1 octobre 2012

Le mouvement du flotteur

Athènes. Chaleur magnifique coulée dans le corps jusque dans mes veines, des tempes, du front, du coeur et de la cage thoracique, qui se gonfle régulièrement, la métrique d'un long soupir,  localisation intérieure du pays extérieur.
Dimitriadis écrit "je meurs comme un pays", géolocalisation organique d'une carte de l'asphyxie. Ce matin, j'ai envie d'écrire que je né comme un continent, peut-être parce que les pays meurent et continueront encore jusqu'à ce que nous puissions renaître dans nos propres corps, que l'échelle sensible reprenne son poids. L'asphyxie collective, politique et sociale est immense, mais nous vivons peut-être au plus près que jamais dans le poids de nos corps.
L'échelle humaine semble si petite, quasi miniature, c'est peut-être l'échelle de l'humilité qui nous permet de sentir à nouveau, le contours de nos corps, nos poids, nos petites pesanteurs, nous toucher de l'intérieur. Sentir ce flotteur qui remonte à la surface comme après une longue apnée, flotte et se pose lourdement, et certes faiblement, oui, certes, envoie un signal. Le signal est faible mais c'est précisément ce qui le rend visible. C'est comme le néon de la cuisine qui vacille, en fin de course, on peut y voir scintiller les milliers de particules qui s'agitent à la seconde, on peut sentir la volonté, le mécanisme de la lumière qui lutte pour se maintenir. Ce n'est plus de la lumière qui éclaire, qui se fait oublier, c'est une lumière qui renseigne, qui rend lucide, qui parle de la lumière elle-même.
C'est le mouvement du flotteur, contradictoire, équilibre des forces, quand le naufrage du corps social fait remonter à la surface le flotteur du corps sensible.

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