dimanche 17 février 2008

Nouvelle épingle sur la carte


Aujourd'hui j'achète le journal du dimanche, je ne le fais jamais mais ça allait bien avec la baguette chaude de ce matin. Me plonge un peu forcée dans la lecture - et tombe sur un article intitulé: "Filiation: C'est une rumeur, mais elle tient bon: le père du Guide lybien serait....un aviateur corse!". Kadhafi serait le fils de l'aviateur Albert Preziosi!!!
L'article se rapproche plus d'une chronique de fiction que de l'enquête journalistique et me fait beaucoup rire pour cela, tant les éléments glanés parmi les habitants du village natal de Preziosi et exposés comme des indices relèvent vraiment de la divagation...C'est parfait!!! L'actualité au bord de la fiction, le méchant chef lybien aurait un père corse, ancien aviateur, héros de "la France libre"....c'est à se demander si on chercherait pas à accueillir Kadhafi comme un français....mais corse donc déjà relayé à un rapport particulier vis-à-vis de l'identité...
En tout cas, cette nouvelle apporte une nouvelle piste à mon exploration corse autour de la question de la famille et à la recherche de mon personnage de fiction, personnage lui-même à la recherche de son propre récit.
J'ai décidé de partir en corse avec trois questions - ces questions que je considère un peu comme la boussole qui me permettra de me diriger sur le territoire corse et à l'intérieur de mon récit:
Je décide que la première question sera celle du pardon:
- Avez-vous déjà pardonné à un membre de votre famille?
La seconde question porte sur celle du mythe familial:
- Qui est le héros de la famille?
Quant à la troisième il s'agit de poser celle de la ressemblance:
- A qui ressemblez-vous?
Je crois que le village de Vezzani, en haute-corse (ça tombe bien je n'avais jusqu'à présent que des pistes dans le sud) sera le terrain de ma troisième question. J'aime l'idée que cette troisième question ouvre sur l'élucubration, le fantasme, l'imaginaire. A la fois la ressemblance serait à priori un élément concret et indefectible de la filiation (être tout le portrait de son père par exemple) et suggère en même temps une possibilité d'évasion et de choix à l'intérieur même de la notion d'identité, à savoir la question du modèle. La question de la ressemblance dans l'article du journal du dimanche est le seul élément qui semble opérer comme l'élément à charge le plus frappant, ici la secrétaire du maire du village de Vezzani affirmant que quand même "il y a la ressemblance entre Preziosi et Kadhafi"...
C'est incroyablement excitant de voir comment l'imaginaire se met en branle dès lors qu'on brandit l'élément de la ressemblance - et ça ne peut m'empêcher de me faire penser à ce projet de loi sur l'immigration qui pose comme principe la filiation comme moyen de filtrer et de reconnaître l'identité d'un individu et sa venue sur le territoire. La question de la ressemblance pose vraiment cette double question de l'identité - l'identité génétique (les traits, le portrait, le corps, la voix) et l'identité comme choix (filiation sociale, intellectuelle, politique).
J'accroche donc une nouvelle épingle sur le point de la carte où est légendé le village de Vezzani
A Vezzani je demanderais: A qui ressemblez-vous et je crois que je mènerais en parallèle ma petite enquête sur cette histoire de Kadhafi....
A suivre

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