mercredi 26 septembre 2012

T.h.e.s.s.a.l.o.n.i.q.u.e

De la prononciation, dans ma bouche, je pourrais le répéter toute la journée, rythmant mes pas sur le nom de cette ville qui sonne comme un port de Byzance, une réjouissante décadence, une femme à qui l'on porte au cou, pour la célébrer, un golf de méditerranée.

Depuis quelques jours je cours après la possibilité de m’asseoir et de rendre compte, mais le rythme de l'immersion a gagné le terrain, dans le corps, un relâchement, un abandon, enfin.

A la différence d'Athènes il y a un soulagement à Thessalonique dans le monumental. Étrangement je ne cherche pas ici le réconfort des anciens, de la pierre ou du marbre, mais j'ai le sentiment de sentir celui de la jeunesse, peut-être outrageusement festive, décalée, en forme d'orientale décomplexée et profondément mélancolique. 


Lundi j'étais invitée à l'émission de la radio locale (FM 100.6). Perchée sur la terrasse du théâtre national de la ville, alors occupé et fermé parce que les salariés ne sont pas payés depuis des mois, j'ai pour la première fois surplombé la ville. Dans le studio, Alexandros (le chargé d'émission et un de mes anges gardiens ici) traduisait, pas à pas, groupes de phrases après groupes de phrases ces paroles que j'envoyais dans le micro pour parler de Point Limite Zéro. Cette traduction m'a tellement émue, tout à coup l'impression de sentir la force de la langue dans ce qu'elle transmet. Je me foutais de savoir si ce que je disais était correctement traduit ou pas, à la lettre comme on dit, ce qui m'a émue ça a été de sentir la force de la traduction comme un lien direct, un contact tangible avec la ville, avec les grecs. Nous pouvions communiquer et nous communiquons d'ailleurs. Malgré mon anglais basique et les quelques mots de grec que j'ajoute chaque jour, consciencieusement, à mon vocabulaire, le petit miracle de la langue s'exerce. Il faut chercher, creuser en soi, simplifier ou se laisser surprendre par ce qui sort de soi dans une langue étrangère. C'est toute la dialectique de Point Limite Zéro, c'est cette citation d'Umberto Ecco que je citais déjà il y a quelques temps et qui aujourd'hui prend tout son sens:

"LA LANGUE DE L'EUROPE C'EST LA TRADUCTION"


Aucun commentaire: