vendredi 16 novembre 2012
Editorialiser la Ville
mardi 30 octobre 2012
Flux Permanence Archive - Mes figures indomptées
J'ai identifié une pratique à laquelle j'ai recours depuis de nombreuses années, sous forme de cartes, je dessine des figures "idéales" de résolution immédiate, des cartes mentales d'enquêteur, des points reliés pas des segments sans fin qui me permettent de cartographier les éléments entre eux, tenter de décoder les maillages conscients ou pas, à l'image du griffonnage sur les blocs de papier qui se dessinent au fil d'une conversation téléphonique et qui sans trop le vouloir, sans trop le savoir, proposent des résolutions, d'un instant, d'un paysage, d'un projet, d'un état, d'une écriture en cours.....
J'appelle ça mes figures indomptées
lundi 1 octobre 2012
Le mouvement du flotteur
dimanche 30 septembre 2012
La marche vers le front
- " Nuit après nuit nous marchions sans arrêt, l'un suivant l'autre, comme font les aveugles"
jeudi 27 septembre 2012
Silence
Lorsque j'ai commencé à penser Point Limite Zéro je m'interrogeais sur la dette de façon intime, à l'endroit où elle pose la question de l'héritage, de l'héritier, de la génération, du passage. J'ai alors commencé à m'interroger sur Electre, tenté de découdre le personnage, établit des ponts entre la fin d'un cycle politique contemporain et le moment d'avant le dénouement des Atrides. Juste avant le crime d'Oreste, Electre prendrait son état d'attente en main, l'attente du dénouement elle le désamorce en convoquant avant le crime, le droit, une justice extérieure, une présentation.
Electre, dans ce que je cherchais, n'avait qu'une seule obsession, qu'un seul mot d'ordre: IL FAUT SE PRESENTER - VOUS ALLEZ TOUS VOUS PRESENTER! Elle implorait un tribunal avant le passage à l'acte, elle implorait le droit, un droit nouveau, elle implorait la fin d'un cycle basé sur la non répétition. Elle faisait une prise d'otage, toute la petite famille coincée à l'arrière de la voiture et elle au volant. Encore une fois c'est la route qui était le segment du texte, pas le départ, pas l'arrivée, juste le segment, le temps d'avant le dénouement, le temps où tout se joue. Point Limite Zéro a évolué, j'ai construit un récit sur un mouvement plus collectif, ce groupe qui marche vers la Grèce, comme un mouvement plus inconscient de dénouement, mais je sais qu'Electre est toujours présente, quelque part, ce point de départ je sens que je le retrouve.
Peut-être parce que je suis ici, en Grèce, au cœur d'un système social familial, dont tout le monde me parle comme une caractéristique singulière, propre aux grecs, on me dit qu'il amortit la chute, semble l'estomper, permet d'y survivre.
Je reconnais ce principe de solidarité avec beaucoup d'admiration mais je continue de me demander si cette crise n'est pourtant pas celle d'une séparation nécessaire?
Au beau milieu de la nuit, quelqu'un dira: JE SUIS UNE MAJORITÉ
mercredi 26 septembre 2012
T.h.e.s.s.a.l.o.n.i.q.u.e
De la prononciation, dans ma bouche, je pourrais le répéter toute la journée, rythmant mes pas sur le nom de cette ville qui sonne comme un port de Byzance, une réjouissante décadence, une femme à qui l'on porte au cou, pour la célébrer, un golf de méditerranée.
Depuis quelques jours je cours après la possibilité de m’asseoir et de rendre compte, mais le rythme de l'immersion a gagné le terrain, dans le corps, un relâchement, un abandon, enfin.
A la différence d'Athènes il y a un soulagement à Thessalonique dans le monumental. Étrangement je ne cherche pas ici le réconfort des anciens, de la pierre ou du marbre, mais j'ai le sentiment de sentir celui de la jeunesse, peut-être outrageusement festive, décalée, en forme d'orientale décomplexée et profondément mélancolique.
Lundi j'étais invitée à l'émission de la radio locale (FM 100.6). Perchée sur la terrasse du théâtre national de la ville, alors occupé et fermé parce que les salariés ne sont pas payés depuis des mois, j'ai pour la première fois surplombé la ville. Dans le studio, Alexandros (le chargé d'émission et un de mes anges gardiens ici) traduisait, pas à pas, groupes de phrases après groupes de phrases ces paroles que j'envoyais dans le micro pour parler de Point Limite Zéro. Cette traduction m'a tellement émue, tout à coup l'impression de sentir la force de la langue dans ce qu'elle transmet. Je me foutais de savoir si ce que je disais était correctement traduit ou pas, à la lettre comme on dit, ce qui m'a émue ça a été de sentir la force de la traduction comme un lien direct, un contact tangible avec la ville, avec les grecs. Nous pouvions communiquer et nous communiquons d'ailleurs. Malgré mon anglais basique et les quelques mots de grec que j'ajoute chaque jour, consciencieusement, à mon vocabulaire, le petit miracle de la langue s'exerce. Il faut chercher, creuser en soi, simplifier ou se laisser surprendre par ce qui sort de soi dans une langue étrangère. C'est toute la dialectique de Point Limite Zéro, c'est cette citation d'Umberto Ecco que je citais déjà il y a quelques temps et qui aujourd'hui prend tout son sens:
dimanche 23 septembre 2012
Je suis en Grèce
Ce que je vis ici, dans cette intuition qui m'a mené jusque là, c'est un peu comme saisir le vertige, en soi, du conflit entre l'héritage et la fin d'un cycle, les fondements de la démocratie et sa lente destruction sourde, le théâtre des amphithéâtres en ruine et le post dramatique déclinant où comment les récits s'écrivent, comment la représentation se redéfinit à chaque fois, comment en fonction des contextes, des crises, des états, on se dit tiens et si on faisait du théâtre, et si on repensait la représentation, et si on interrogeait nos représentants et si on se représentait nous-mêmes et si on cherchait une forme nouvelle à la mise en forme de soi et du monde?
C'est bouillant. Voilà ce que je peux dire, avec les quelques pas de recul, au millimètre, que je suis en mesure de faire aujourd'hui, pour dire ce que je vois, ce que je sens. C'est bouillant, bruyant, brouillon. C'est vivant, variable, vallonné. C'est l'Europe que j'ai voulu voir et sentir, c'est l'état de l'endettement, ce sont les points d'horizons, les limites, les possibles, les inventions à l’œuvre, les aveuglements, les profondes fatigues et la légèreté de l'inconscience. C'est paradoxalement festif, hystérique, chahuté. C'est le point limite, mélancolique, entre l'exaltation et la dépression du monde. Et tout cela ne m'est pas étranger, ce sentiment est familier, partagé, je suis européenne, je suis endettée, je suis mélancolique, je suis grecque, je ne regarde pas du dessus, je sens du dedans le vertige de la familiarité. La grèce me tend un miroir, nous pouvons tous nous y voir. La main est tendue. De ce miroir, comme dans l'invention de la perspective, je perce un trou, tentative de la représentation.
C'est une marche dans l'écriture. C'est un texte comme un leitmotiv, Point Limite Zéro, qui guide mes pas, obstinément, avec ce postulat d'un groupe qui marche vers Athènes, comme un deuil à faire. Qui est ce groupe? Que sont ces pas? Vers où vont-ils? Qu'est-ce qu'il y aurait à inventer sur la route pour pouvoir essayer, à l'arrivée de formuler une nouvelle décision? C'est une recherche de véhicule, dans le paysage, dans la langue, pour pouvoir enfin se déplacer.
Je sens la justesse de cette marche vers la Grèce et le fait que je sois moi-même en train de l'expérimenter. Je sens la justesse de cette route qui se dessine, de ces paroles en marche, de cette volonté de se rendre, au sens de se livrer, de se présenter, avec toutes les résistances que cela génère en chacun. Ce groupe qui marche n'est pas un groupe au sens du mot d'ordre ou de la décision, c'est comme un mouvement nécessaire qui nous mettrait en marche, comme s'il y avait un appel inconscient pour se mettre en marche, pour se rendre vers une nouvelle décision collective. Mais la nature de cette décision je ne la connais pas. Le texte sera la mise en jeu de ces résistances intimes qui se dirigent vers un point, dans un monde qui semble se décider et se dessiner sans nous.
mercredi 15 août 2012
Remplissage 2.: Le silence, une fiction
Remplissage du vide
dimanche 8 juillet 2012
Lignes d'horizon 2.
dimanche 24 juin 2012
dimanche 17 juin 2012
Quelqu'un dira
- Ça commencerait comme ça. Un groupe marche vers Athènes. On ne sait pas combien ils sont, on ne sait pas bien pourquoi ils marchent.
lundi 28 mai 2012
dimanche 25 mars 2012
Donnez-nous des procès!
samedi 17 mars 2012
Check Point Charlie
Dernière référence au "Hêtre et le Bouleau" de Camille de Toledo. Après je quitte, j'abandonne le livre, je ponctue ma lecture interminable et répétée sur cette archive de Rostropovitch jouant les Suites de Bach devant (j'allais écrire sous) le mur de Berlin en 1989.
mercredi 7 mars 2012
Tristesse européenne
Tout cela ne fait que me parler des figures d'héritiers que je chercher à nommer, ceux que je commence à faire émerger dans Point Limite Zero, qui prennent la route, parce que rouler ou marcher n'est peut-être que le seul moyen de sentir que ça avance...ces figures qui prennent la route pour Athènes, hantés par leurs fantômes, portant la lourde dette des ancêtres, visiteurs de cimetières qui ne trouvent pas la valeur du présent de leur propre vie.
Tout cela ne fait que m'évoquer la Grèce, comme une déshéritée de l'Europe, la Grèce, où j'ose croire que se logent les germes d'un horizon nouveau.
Mon corps a frémit depuis la place 82 de la voiture 8 sur le Paris-Nice de 16h49 à la lecture de ce passage:
Voici ma question: comment pouvons-nous penser un passage de la "hantise" conflictuelle, paralysante, conservatrice du XXème siècle au "vertige" du XXI ème siècle (triple vertige qui est celui de l'identité fragmentée, des origines et des lignées artificielles ou bâtardes et de la perception dans la sédimentation des fictions du monde) sans verser dans la nostalgie? Et encore, comment les morts du génocide perpétré contre les juifs d'Europe, nos ancêtres, les morts des nationalismes, nos ancêtres, les morts des régimes communistes, nos ancêtres, les morts de l'esclavagisme, nos ancêtres, pourraient répondre à notre appel afin de libérer une place, devant nous, juste devant, pour que nous puissions imaginer un monde, une u-topie?
lundi 27 février 2012
jeudi 16 février 2012
Tendue vers la Grèce
mot d'absence
Les choses ont avancé depuis ce temps, celles du monde malgré moi, celles qui font que je n'ai pas d'autres choix que de m'y tenir debout, de parler au travers, de m'y déplacer, de baigner dedans, de délaver aussi au contact des couleurs qui dégorgent. Une profonde tristesse liquide, une vision molle du monde durci, raidi, sévère comme un vieux colonel en manque d'autorité, accroc aux punitions et à donner la récompense. L'exercice du pouvoir n'a plus qu'à se raccrocher à ses menottes de cuir, tellement il est fébrile, l'exercice du pouvoir prend son dernier pied à nous ligoter. On nous propose l'Europe des pères de familles, autoritaires, la main leste et le verbe haut - retour de l'éducation populaire au martinet...
Mais le travail est là, en cours, à tenir, à boucler. La résidence au Collège Jean Moulin avec les collégiens magnifiques qui me parlent de la peur, leurs peurs, celle des autres,
Enfin, Point Limite Zéro, hanté, obsédé par l'actualité grecque, nouveau chantier d'écriture en cours, de ceux qui hantent, ceux dont on rêve la nuit, qui nous réveillent par des mots qui s'affichent clignotants comme des obsessions du langage et de sa forme. Alors on se réveille, on écrit ce qu'on a lu, on déchiffre les mots qui se sont affichés, on les prends pour des clés. En dehors des rêves il y à l'écriture, la table de travail, les mots des autres (Le Hêtre et le Bouleau de Camille de Toledo, Spectres de Marx de Derrida, Les Héritiers de Pierre Bourdieu, La Route de Cormac Mc Carthy), et la Grèce au loin qui semble de plus en plus esseulée dans une Europe dont je ne sais plus bien si elle gonfle pour mieux s'émanciper ou si elle rétrécit pour mieux s'enfermer, rebâtir des murs, faire réapparaître les frontières, et donner la place aux vieux fantômes, comme une famille qui déshériterait son petit dernier, parce qu'il n'aurait pas su relever le défi d'un héritage trouble. Le petit dernier, annonciateur d'une chute annoncée...