[...]," L'eau est ce drap qui nous couvre sans nous cacher, ce léger rempart où la lance de l'ennemi diffractée se brise. Abandonnés à son flux, nous ne pesons plus; nos semelles secouent la boue qui les ralentissaient, poissons de caoutchouc crées eux aussi pour l'onde. Qu'avons-nous à faire sur cette Terre de reptiles et de quadrupèdes? Ne sommes-nous pas plutôt sirènes et tritons chassés du paradis marin? Nous le pleurons, et c'est les yeux emplis de larmes que nous le retrouvons: alors nous nous grisons de notre nostalgie; nous courons au malheur; nous grattons nos plaies; nous cognons nos têtes contre d'autres têtes; nous consentons à toutes les humiliations. des larmes encore! Encore des larmes! Tout ruisselants, nous voudrions élargir ces deux fentes par où se lézarde enfin l'étanchéité de notre corps, où s'ouvre une issue pour nos émotions. voyez, c'est de l'eau qui en jaillit. Nous nous liquéfions de bonheur. "
Eric Chevillard, Notre compagne murmurante, In, Revue Rouge Déclic, 2009
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire