"L'énigme de la pensée de l'amour c'est la question de cette durée qui l'accomplit. Le point le plus intéressant, au fond, ce n'est pas la question de l'extase des commencements. Il y a bien sûr une extase des commencements, mais un amour, c'est avant tout une construction durable. Disons que l'amour est une aventure obstinée. Le côté aventureux est nécessaire, mais ne l'est pas moins l'obstination. Laisser tomber au premier obstacle, à la première divergence sérieuse, aux premiers ennuis, n'est qu'une défiguration de l'amour. Un amour véritable est celui qui triomphe durablement, parfois durement, des obstacles que l'espace, le monde et le temps lui proposent.
[...], C'est la question de la durée qui m'intéresse dans l'amour. Précisons par durée, il ne faut pas entendre principalement que l'amour dure toute la vie, qu'on s'aime toujours, ou pour toujours. Il faut entendre que l'amour invente une façon différente de durer dans la vie. Que l'existence de chacun, dans l'épreuve de l'amour, se confronte à une temporalité neuve.
[...], Je soutiens que l'amour est en effet ce que j'appelle dans mon jargon de philosophe une "procédure de vérité", c'est-à-dire une expérience où un certain type de vérité est construit. Cette vérité est tout simplement la vérité sur le Deux. La vérité de la différence comme telle. Et je pense que l'amour - ce que j'appelle la scène du Deux - est cette expérience. En ce sens, tout amour qui accepte l'épreuve, qui accepte la durée, qui accepte justement cette expérience du monde du point de vue de la différence produit à sa manière une vérité nouvelle sur la différence.
[...], Les difficultés de l'amour ne tiennent pas à l'existence d'un ennemi identifié. Elles sont internes à son processus: le jeu créateur de la différence. C'est l'égoïsme qui est l'ennemi de l'amour, non le rival. On pourrait dire: l'ennemi principal de mon amour, celui que je dois vaincre, ce n'est pas l'autre, c'est moi, le "moi" qui veut l'identité contre la différence, qui veut imposer son monde contre le monde filtré et reconstruit dans le prisme de la différence.
Le drame amoureux est l'expérience la plus nette du conflit entre l'identité et la différence.
Alain Badiou, Eloge de l'amour
[...], C'est la question de la durée qui m'intéresse dans l'amour. Précisons par durée, il ne faut pas entendre principalement que l'amour dure toute la vie, qu'on s'aime toujours, ou pour toujours. Il faut entendre que l'amour invente une façon différente de durer dans la vie. Que l'existence de chacun, dans l'épreuve de l'amour, se confronte à une temporalité neuve.
[...], Je soutiens que l'amour est en effet ce que j'appelle dans mon jargon de philosophe une "procédure de vérité", c'est-à-dire une expérience où un certain type de vérité est construit. Cette vérité est tout simplement la vérité sur le Deux. La vérité de la différence comme telle. Et je pense que l'amour - ce que j'appelle la scène du Deux - est cette expérience. En ce sens, tout amour qui accepte l'épreuve, qui accepte la durée, qui accepte justement cette expérience du monde du point de vue de la différence produit à sa manière une vérité nouvelle sur la différence.
[...], Les difficultés de l'amour ne tiennent pas à l'existence d'un ennemi identifié. Elles sont internes à son processus: le jeu créateur de la différence. C'est l'égoïsme qui est l'ennemi de l'amour, non le rival. On pourrait dire: l'ennemi principal de mon amour, celui que je dois vaincre, ce n'est pas l'autre, c'est moi, le "moi" qui veut l'identité contre la différence, qui veut imposer son monde contre le monde filtré et reconstruit dans le prisme de la différence.
Le drame amoureux est l'expérience la plus nette du conflit entre l'identité et la différence.
Alain Badiou, Eloge de l'amour
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